Raid Golfe du Morbihan

 

belle course en bord de mer, dans les terres

chemin des douaniers sinuant au gré des anses entre pinèdes, longères isolées et estuaires

177 km

 

Photos des éditions 2007 et 2008

 

Jour 1

 

  de Locmariaquer à la presqu'île de Conleau


Cette année (2008), je suis à la bourre ; j'arrive ½ h avant le départ de la course. Depuis la sortie du train à Auray je me speede : trouver le car, poursuivre en stop, terminer à pied. J’arrive enfin au stade (à l’époque on partait de Locmariaquer).

Je dois tout faire en 30’ : faire contrôler mes affaires obligatoires, récupérer mon dossard et l’épingler, m’habiller pour le départ et préparer quelques affaires chaudes pour la nuit, ranger mon sac pour le faire véhiculer à l’arrivée, préparer le sac d’affaires sèches qui m’attendra à Vannes. Surtout ne rien oublier, sinon…

 

Ça y est : enfin prêt. Je sors du gymnase alors que l’organisateur, sur la pelouse, donne les consignes et souhaite bonne course aux concurrents.

Comme d’habitude, je suis impatient de partir (ça fait des mois que je me suis inscrit et ne pense qu’à ça).

 

La météo est annoncée plus clémente que l’an passé. Il devrait faire meilleur. Tant mieux… il avait plu une bonne partie de la nuit, rendant le sentier glissant et les arrêts glaciaux.

 

J’aime rejoindre l’embouchure du golfe d’où on voit au loin Port Navalo, joli petit village, arrivée de cette course.


L’arrivée à Auray, c’est un peu la fête : on retrouve le monde après pas mal de temps dans la campagne. Ça fait du bien de croiser ces visages souriants qui nous encouragent. Beaucoup de « suiveurs » sont là pour retrouver leur coureur.

Je fais un petit plein nourriture et repars sur les pavés de Saint-Goustan, devant les touristes attablés aux bars du port qui n’hésitent pas à donner de la voix pour nous réchauffer avant un nouveau plongeon dans la campagne.

 

Mais Auray, c’est aussi l'entrée dans la course : ce sera long.

Le peloton, bien que déjà très étiré ici (26è km) permet de voir encore beaucoup de monde devant et derrière. On passe sous l’affreux pont routier de la voie rapide du sud Bretagne.

 

Il y a, plus loin, une jolie portion de chemin, le long de la rivière de Bono : les champs y sont vallonnés et la rivière sinueuse laisse à marée basse, des couleurs sombres de vase grise.

Puis vient le cimetière à bateaux. Ces carcasses en partie décolorées et éventrées de vieux bateaux de pêche abandonnés, donnent à cette anse une ambiance particulière.


Le chemin se poursuit dans un petit bois de pins très hauts et on aperçoit bientôt le pont de Bono qui signifie un dernier retour au monde avant la nuit.

Ce petit port a belle allure, accroché sur les pentes de la rivière de même nom. Le ravitaillement y est un moment agréable. C’est le réconfort de la nourriture et de l’eau mais aussi celui des hommes : qu’on est bien entre nous quand la route est longue.

En repartant de Bono, le franchissement du pont routier signale la fin de la rigolade. On va s’enfoncer pour longtemps dans une nuit isolée et pénible.


Après la Pointe Noire, vers le village du Parun, c’est le chant des grenouilles qui caresse l’oreille. Insolite mais apaisant. Il fait l’effet d’un doux gazouillis.

La suite est longue avant le ravitaillement de Larmor-Baden. Un bon bol de soupe aux coquillettes bien au chaud et, 20’ plus tard, c'est un départ transi de froid, dans le noir. Glacé... Comme il est difficile de se réchauffer quand on est fatigué !


Sur la suite, le noir ne laisse pas de grands souvenirs. Le passage de l’Ile Berder avec ses petits phares de couleurs. Le Moulin de Pomper où, à la faveur d’un virage en épingle à cheveux, on aperçoit sur la rive opposée les frontales des concurrents en avance.

Un mauvais souvenir : en arrivant à Port Blanc (face à l’Ile aux Moines), je me crois déjà déboucher vers Port Anna, près de Vannes. Je me réjouis d’en être déjà là, me réconfortant d’être si près du repos de Vannes. En fait, j'en suis bien loin et lutterai contre mes idées noires et la fatigue avant d'arriver à Vannes.

 

Plus loin, arrêt à un petit ravitaillement, psychologiquement épuisé. Plus d'envie... sommeil... le moral à zéro. De longs km déjà à marcher sans vigueur, le rythme diminuant progressivement. Je tente de boire et de manger mais rien ne me tente. Je repars frigorifié dans le sous bois, une pomme à la main, me maudissant d’être venu faire cette course. Je me sens de moins en moins bien.

Mais je connais cette sensation : je l’ai vécue à l’Eco-Trail de Paris, cet hiver. J’avais vomi après la course, après une longue heure de mal au cœur. Je l'ai vécu aussi sur L'Annécime. C'est encore ce qui m'arrivera en 2009, à ma 2ème participation de l'Origole. C’est peut-être aussi ce que j’ai ressenti l’an dernier à peu près au même endroit et qui m’a fait abandonner à Vannes. De mauvaises sensations comme des écœurements. Je continue ; on verra bien.


Non loin de là, je suis obligé de m’arrêter. Les écœurements sont trop forts : je vais vomir, c’est sûr. Je m’agenouille contre un poteau de clôture et me plie en deux sous les puissantes contractions abdominales. Je suis déjà mal en point, seul, fatigué, gelé et ça qui me tombe dessus dans le noir et le froid. Un coureur passe, me demande si ça va. Je lui réponds que ça ira. J’espère ! Il repart après s’être assuré que je n’ai pas besoin d’assistance. Et si seulement j’avais quelque chose à vomir. Mais ça fait des heures que je n’ai rien avalé de consistant. Je sors de là lessivé. Je me relève, me remets à marcher, glacé jusqu’aux os.

Et bizarrement ça va mieux ! En moins de 5 minutes, je ne sens plus de traces de ce mauvais moment.

Je me force à re-boire pour me ré-hydrater. Ça doit être ça. Effectivement, je ne buvais plus et ne mangeais plus ou si peu depuis bien des heures.

 

J’ai bien cru que la course allait se terminer à Vannes, comme l’an dernier.

 

 

Jour 2

 

de Locmariaquer à la presqu'île de Conleau